Categories

  • No categories

Other Publications

  • Loi Thomas

    9/03/1997 • Reading time: 2 min
  • Rapport sur la création d’un espace économique euro-russe

    9/03/2012 • Reading time: 2 min
  • Livre Blanc sur les privatisations

    9/06/1993 • Reading time: 2 min

Most read articles

  • Le choc des empires

    8/10/2025 • Reading time: 3 min
  • Évitons une nouvelle guerre de cent ans

    27/08/2021 • Reading time: 3 min
  • Demain sera un autre jour 

    1/08/2022 • Reading time: 2 min
11 July 2025 • EditorialPublications

L’Europe face à l’ère du « deal »

Le style peut apparaître brouillon, les changements de pied fréquents, mais Donald Trump fait bouger les lignes. Sa politique, bien que contestable sur le plan de l’efficience, notamment économique, vise à répondre à des déséquilibres indéniables. Nul ne peut nier que les échanges internationaux sont, en partie, faussés par des pratiques anticoncurrentielles : dumping, subventions, normes non tarifaires, etc. La Chine n’est pas seule à transgresser les règles du commerce mondial : les États-Unis, comme l’Europe, font de même.

Prenant acte de l’échec du multilatéralisme, le président américain opte pour les rapports de force, considérant que son pays, première puissance économique et militaire mondiale, n’a pas à se soumettre aux diktats extérieurs. L’isolationnisme qu’il prône au nom du souverainisme est une forme d’impérialisme nouvelle : plus brutale, moins feutrée. L’équipe républicaine estime que le monde vit aux crochets des États-Unis. Les entreprises et les États ne paieraient que partiellement pour les services rendus par le dollar, première monnaie mondiale.

Vivant dans l’immédiateté, Donald Trump exige d’être payé en temps réel. Il accorde peu de crédit au « soft power » et à l’influence de long terme. C’est ici et maintenant. Sa vision fruste de l’économie s’inscrit pourtant dans l’air du temps. Les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle ont comprimé l’espace-temps. Il veut avant tout autre chose conclure de « bons deals ».

Face à un président américain décomplexé, les États européens doivent ajuster leur stratégie économique et diplomatique. Leur impuissance actuelle s’explique par un déficit persistant de gains de productivité amorcé depuis deux décennies, une absence de réflexion stratégique et de démission militaire. Pendant longtemps, les États-Unis ont été considérés comme la force de rappel, l’arme ultime en cas de crise. Donald Trump a rappelé aux Européens qu’aucune protection n’est éternellement acquise.

Sur les plans économique comme sur le plan militaire, les investissements deviennent indispensables. L’Europe ne peut plus se réduire à un simple espace de consommation, dépendant du reste du monde pour son énergie et ses biens industriels. Elle doit redéfinir son cadre géopolitique selon une approche plus pragmatique des relations internationales — une approche que l’on pourrait qualifier de « trumpienne ». Ces relations doivent désormais être pensées dans l’intérêt stratégique de l’Europe et de ses États membres.

À sa manière brutale, Donald Trump pose les bonnes questions : qui paie ? qui protège ? qui produit ?

L’Europe, engourdie dans le confort du multilatéralisme et de la dépendance industrielle, n’a plus le luxe de l’attentisme. Elle ne peut plus s’abriter derrière des principes creux, pendant que d’autres imposent leur loi par le chantage économique ou militaire. Si elle veut survivre en tant que puissance, et ne pas devenir une simple zone de transit pour les flux de capitaux et de biens venus d’ailleurs, l’Europe doit assumer une logique de puissance et  défendre ses intérêts, y compris par la contrainte. L’ère des bons sentiments est close : Trump l’a brutalement refermée. À l’Europe de cesser de se comporter en consommateur moral du monde, et de redevenir stratège.

Jean-Pierre Thomas Président de Thomas Vendôme Investment

See other articles