Categories

  • No categories

Other Publications

  • Loi Thomas

    9/03/1997 • Reading time: 2 min
  • Rapport sur la création d’un espace économique euro-russe

    9/03/2012 • Reading time: 2 min
  • Livre Blanc sur les privatisations

    9/06/1993 • Reading time: 2 min

Most read articles

  • L’Europe puissance a-t-elle un sens ?     

    11/04/2024 • Reading time: 3 min
  • Évitons une nouvelle guerre de cent ans

    27/08/2021 • Reading time: 3 min
  • Demain sera un autre jour 

    1/08/2022 • Reading time: 2 min
11 April 2024 • EditorialPublications

L’Europe puissance a-t-elle un sens ?     

Raymond Aron, en 1947, écrivait que « l’Europe n’a jamais eu conscience d’elle-même comme une réalité politique » Trois quarts de siècle plus tard, cette constatation demeure. L’Europe n’a été unifiée que sous l’Empire Romain et de, manière fugace et partielle, sous Charlemagne. L’Europe est avant tout un concept géographique allant des îles britanniques à l’Oural voire Vladivostok pour reprendre la célèbre formule du Général de Gaulle.

L’Europe est plurielle. L’héritage gréco-romain et le christianisme n’ont pas joué le même rôle au sein des différents États européens. L’Europe repose avant tout sur une combinaison d’unités politiques indépendantes avec une culture et des traditions qui leurs sont propres. Si une nostalgie impériale existe, elle ne saurait suffire pour remettre en cause les identités nationales. La France, l’Allemagne ou encore l’URSS en ont fait, à un moment ou un autre de leur histoire, l’amère expérience en essayant d’imposer leur système aux autres pays.

La construction européenne, après la Seconde Guerre mondiale, a été pensée comme un moyen pour éviter la résurgence des ressentiments, des frustrations entre les puissances du Vieux continent que ce soit la France, l’Allemagne ou l’Italie. Au-delà de la cicatrisation des plaies de la Seconde Guerre mondiale, la coopération des États d’Europe de l’Ouest visait également à constituer un front uni face à la menace soviétique. Cette construction, avec le marché commun de l’acier et du charbon, élargi en 1957 à tous les biens ou presque, la politique agricole commune puis le marché ainsi que la monnaie unique, a été couronnée de succès. La chute du mur de Berlin en 1989 s’est traduite par l’élargissement à l’Est. Les anciens membres du Pacte de Varsovie ont été intégrés à l’Union européenne et à l’OTAN. Cette ouverture aux États membres de l’ex-URSS a répondu à des objectifs de solidarité et de géopolitique. Il a été jugé inconvenant de ne pas accepter des pays qui pendant près de 50 ans avaient été sous le joug soviétique. L’Allemagne réunifiée souhaitait, par ailleurs, restaurer ses relations économiques historiques  avec les États d’Europe de l’Est. Le passage alors à 28 États membres n’a pas donné lieu à une réelle réflexion au niveau de la structuration des compétences et de la gouvernance. Les relations avec les autres États de l’Est que sont l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie ont été négligées, ces États étant passés en pertes et profits compte tenu des difficultés auxquelles ils étaient alors confrontés. Enivrés par « la fin de l’Histoire », les Européens en ont oublié qu’elle demeurait éminemment tragique. Ils auraient pu en prendre conscience lors de la guerre des Balkans dans les années 1990 mais ils s’en sont alors remis aux États-Unis. Trente ans plus tard, l’Europe ne sait pas sur quel pied danser. Nul n’imagine réellement une Europe fédérale à laquelle n’a jamais cru Raymond Aron. Nul n’imagine une armée européenne unifiée dotée de la dissuasion nucléaire. Les Français seraient-ils prêts à périr pour Tallinn ? Pour autant, le possible désengagement américain exigera des réponses des États européens. Ce désengagement est inévitable, 80 ans après le débarquement de Normandie. La présence militaire en Europe, des États-Unis, un État profondément isolationniste était motivée par leurs intérêts économiques et la bataille qu’ils menaient contre l’URSS. Il n’est pas certain aujourd’hui que l’Europe soit jugée comme une priorité absolue par les États-Unis. Les tergiversations du Congrès américain est un signe d’un possible désengagement à terme. Le Général de Gaulle doutait déjà dans les années 1960 du parapluie américain ce qui avait alors justifié le développement de la bombe H en France et sa décision de sortir du commandement intégré de l’OTAN. Il considérait que la France, tout en étant dans le camp atlantique ne pouvait garantir sa sécurité qu’en étant indépendante. Pour lui, l’Europe n’existait que par ses Nations, ce qui n’interdisait aucunement l’approfondissement des coopérations qu’elles soient économiques ou militaires. En 2024, cette vision  demeure d’actualité.

Jean-Pierre ThomasPrésident de Thomas Vendôme Investment

See other articles