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4 septembre 2025 • L'éditoPublications

La fin des illusions budgétaires

La rentrée budgétaire s’annonce d’une rare complexité. Entre la volonté de certains de bloquer la France à partir du 10 septembre et l’examen des lois de finances à compter du mois d’octobre, le Gouvernement de François Bayrou devra prouver sa capacité à naviguer en gros temps.

La France accumule depuis 50 ans des déficits publics. Désormais hors période de crise, ceux-ci ont tendance à augmenter, prouvant leur caractère structurel. Le déficit devrait cette année avoisiner 5,5  % du PIB. La dette brute dépasse désormais plus de 3 100 milliards d’euros, représentant plus de 113  % du PIB, un record historique en période de croissance. Cette dérive fragilise la position de la France au sein de la zone euro, au moment même où la nécessité d’accroître l’effort de défense et de modernisation des États de l’Union s’impose.

Le gouvernement de François Bayrou affiche pour 2026 un objectif de réduction du déficit à 4,6  % du PIB, ce qui nécessiterait plus de 40 milliards d’euros d’économies ou de recettes supplémentaires. Cet ajustement est présenté comme un effort sans précédent, mais il demeure en réalité modeste au regard de l’écart à la norme européenne (3  %). Il est en outre conditionné à une amélioration de la conjoncture. Or avec les droits de douane, cette dernière risque de se dérober sous les pieds des pouvoirs publics.

Les mesures proposées sont, pour certaines d’entre-elles, des trompe l’œil. Leur effet sera ponctuelle. Figurent dans cette catégorie la non-revalorisation des prestations sociales et des pensions (économie estimée à 6 à 7 milliards d’euros), la réduction de certaines subventions, le gel partiel de la masse salariale de l’État, la non-actualisation du barème de l’impôt sur le revenu. Celui-ci constitue une hausse déguisée des prélèvements. La suppression éventuelle de deux jours fériés se traduira par la création de nouvelles taxes sur les entreprises. Même si le gouvernement s’en défend, la pression fiscale globale augmentera. Les prélèvements représentent déjà plus de 45 en 2024, contre 39,5  % en Allemagne et 41,8  % dans la zone euro. La France est, avec le Danemark, le pays de l’OCDE où ce ratio est le plus élevé. Dans ce contexte, toute majoration – même indirecte – fragilise la compétitivité des entreprises et alimente la défiance fiscale de la population. Elle joue contre la confiance et donc contre la consommation.

Aucune réforme structurelle majeure n’est annoncée. La bureaucratie est toujours plus lourde. L’augmentation des effectifs ne se traduit pas par une amélioration de la qualité des services offerts aux citoyens. Depuis l’an 2000, le nombre d’agents publics s’est accru de près d’un million. La fonction publique territoriale, à elle seule, représente 1,95 million d’agents en 2024, contre 1,37 million en 2000. Les effectifs de la fonction publique hospitalière sont passés sur la même période de 900 000 à 1,3 million.

La réalisation de la quarantaine de milliards d’euros d’économie intervient au moment où les facteurs de hausses des dépenses se multiplient : réarmement, transition écologique, vieillissement démographique, mutation technologique, lutte contre le narcotrafic. Face à ces défis, le gouvernement ne dispose d’aucune marge de manœuvre. Le service de la dette est en voie de devenir le premier poste de dépenses de l’État : 73 milliards d’euros prévus pour 2026, contre 49,5 milliards en 2022, soit +47  % en quatre ans. Avec des taux longs autour de 3,25  % à 10 ans pour les OAT, chaque point de déficit public supplémentaire augmente mécaniquement le coût de la dette. La France se retrouve dans une situation où plus de 15  % des recettes fiscales nettes servent à financer les seuls intérêts de la dette.

Un redressement budgétaire crédible, doit impérativement s’appuyer sur trois leviers :

  • Une réforme fiscale cohérente, reposant sur l’élargissement des assiettes et la réduction des taux marginaux ;
  • Un recentrage des politiques publiques, avec une évaluation systématique des dispositifs, la suppression des doublons et la déconcentration des responsabilités ;
  • Une réforme de l’État et de la gouvernance locale, visant à réduire les strates, simplifier les procédures et restaurer une culture de gestion des moyens.

Sans réformes de structure, la soutenabilité budgétaire deviendra de plus en plus délicate avec un risque à plus ou moins long terme d’une mise sous tutelle humiliante comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal l’ont connu dans le passé.

La rentrée 2025 marque ainsi un tournant. Soit la France engage une stratégie de rééquilibrage crédible, soit elle s’expose à un ajustement  imposé de l’extérieur. Dans les deux cas, la période des illusions budgétaires touche à sa fin.

Jean-Pierre ThomasPrésident de Thomas Vendôme Investment

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