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Le choc des empires

Juste avant la Révolution, en 1789, la France, au bord de la faillite, n’avait plus les moyens de son ambition internationale. Louis XVI avait l’intention de nouer une alliance avec l’Autriche et la Russie, mais l’État, surendetté, ne disposait plus d’une armée en mesure de porter efficacement assistance à ses alliés. Les projets de Necker, ministre des Finances, restaient lettres mortes faute de consensus et de marges de manœuvre budgétaires. La convocation des États généraux, en mai 1789, a rapidement débouché sur l’effondrement de la monarchie absolue de droit divin, qui n’était plus qu’un château de cartes. Les libelles, souvent truffés de fausses informations, ont aussi contribué à discréditer le régime. La Révolution est née de la crise des finances publiques et d’un profond sentiment d’injustice sociale. Même si le système politique évoluait déjà, en donnant davantage de poids à la bourgeoisie, une soif de rupture s’est exprimée, nourrie par les écrits des philosophes des Lumières. La perte de légitimité de la noblesse a joué un rôle décisif : chargés de la défense et de l’administration du pays, les nobles avaient, par confort, laissé nombre de leurs fonctions aux roturiers, tout en conservant leurs privilèges fiscaux et symboliques. Accusés d’accaparer une part croissante de la richesse sans y contribuer, ils sont devenus les cibles de la colère populaire. En quelques semaines, autour du 14 juillet 1789, le pays a basculé dans un autre monde: un enchaînement de remises en cause, comme un jeu de dominos, a provoqué l’effondrement d’institutions séculaires.

La France de 2025 n’est pas celle de 1789, loin de là. Le système politique demeure démocratique. L’armée française reste l’une des plus puissantes d’Europe. Mais la légitimité des dirigeants est fragilisée. Les « fake news » pullulent sur la toile. La dette publique affaiblit le pays. Aucun consensus n’existe pour la maîtriser, et encore moins pour la réduire. Les élites, souvent déconsidérées, sont accusées d’être à l’origine de la débâcle financière, même si la responsabilité est collective. Depuis quarante ans, les gouvernements ont acheté du temps à coups de déficits. Désormais, l’heure des comptes semble avoir sonné. Avec une croissance potentielle limitée à 1 % et des taux d’intérêt avoisinant 3,6 %, la France devrait dégager un solde primaire excédentaire — c’est-à-dire un excédent hors charge de la dette. Cela supposerait un effort supérieur à 120 milliards d’euros, soit près de trois fois le montant du plan de redressement proposé par François Bayrou et rejeté par l’Assemblée nationale. À force de différer les décisions, le pays risque un dérapage incontrôlé qui pourrait le conduire au précipice, synonyme de mise sous tutelle humiliante. Certains avancent que la France est « trop importante pour chuter », | 2 Mensuel N°200 | Sept. 2025 mais cela n’empêcha pas le Royaume-Uni, dans les années 1970, de dépendre du FMI, ni ce même pays, plus récemment, d’abandonner sous la pression des marchés un budget jugé irréaliste.

Depuis des décennies, par faiblesse, par peur de la rue, par démagogie, les gouvernements ont laissé filer les déficits. Leur objectif n’a jamais été de ramener le déficit à zéro, mais de le maintenir au mieux sous les 3 % du PIB. Cela n’a été atteint qu’exceptionnellement. La France doit se défaire de cette mauvaise habitude de l’« argent facile », qui ne l’est plus. Longtemps, la dépense publique a permis de différer les adaptations et les réformes. Elle a servi de béquilles. Mais loin de protéger les Français, elle a fini par affaiblir économiquement le pays, sans empêcher la montée des inégalités. Le système public s’est retourné contre lui même, fonctionnant comme une drogue, avec un syndrome aggravé de dépendance. Le problème est que, pour l’heure, nul ne paraît vouloir engager la cure de désintoxication indispensable.

Jean-Pierre Thomas – Président de Thomas Vendôme Investment

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