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Rentrée 2024: Malthus ou Schumpeter?

Les Jeux Olympiques ont été une grande fête, un moment de communion et de fierté nationale. Heureusement, la France, cinquième puissance économique mondiale, est capable d’organiser de tels événements. L’inverse aurait été plus qu’inquiétant. Notre autodénigrement, notre pessimisme légendaire, notre propension à la division avaient laissé croire, un temps, que ces Jeux seraient un véritable chemin de croix. Il n’en fut rien, et nous devons tous nous en réjouir.

Les images de Paris 2024 ont montré une France rayonnante. Les athlètes français ont porté haut les couleurs de leur pays. Cependant, ces images ne sont naturellement qu’éphémères, surtout à l’ère des réseaux sociaux et des influenceurs. Elles peuvent s’effacer à la vitesse de la lumière ou d’un simple clic. Cette parenthèse n’a pas, par ailleurs, dissout par enchantement les démons, les problèmes et les défis auxquels la France est confrontée. La rengaine de la rentrée synonyme de tensions sociales, est vieille comme le monde. Néanmoins, bien que l’humilité soit de mise en matière de prévisions, la rentrée de 2024 s’annonce particulièrement périlleuse. La discussion et l’adoption des projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale constituent un défi sans précédent, compte tenu de la fragmentation de l’Assemblée nationale. Le risque de surenchères de la part de divers groupes parlementaires n’est pas à exclure, ce qui pourrait rendre difficile la réduction du déficit public. Les partenaires européens, tout comme les investisseurs, surveilleront sans nul doute avec une extrême attention les discussions budgétaires, avec à la clé une possible sanction de l’Union européenne ou des marchés. La fragilité intrinsèque du gouvernement, vivant sous la menace permanente d’une motion de censure pouvant émaner de nombreux bancs de l’Assemblée, nuira à l’image de la France à l’étranger. Face à d’éventuelles mesures budgétaires et fiscales impopulaires, des manifestations pourraient se multiplier, d’autant plus que les partis politiques auront en ligne de mire une possible dissolution en juin 2025. La France est ainsi menacée par un réel blocage. L’éventuelle abrogation de la réforme des retraites illustre les dangers auxquels le pays est confronté. Le report de l’âge légal de 62 à 64 ans demeure un sujet de division majeur. Sa remise en cause obligerait à rechercher de nouvelles ressources, avec pour conséquence une aggravation des prélèvements obligatoires. L’ironie de la situation est que ce sont les actifs, et en premier lieu les jeunes, qui seraient pénalisés par une possible augmentation des cotisations sociales. L’abrogation de la réforme des retraites pourrait se traduire par une diminution du pouvoir d’achat des ménages, alors même qu’un consensus émerge sur l’urgence de l’améliorer.

Les investisseurs internationaux pourraient revoir à la baisse, voire remettre en cause, leurs projets en France. Au-delà de la question sensible des retraites, le problème majeur de l’économie française demeure la croissance. Même si cette dernière a échappé à la récession, elle progresse à un rythme bien insuffisant pour assainir les finances publiques et permettre une augmentation des revenus professionnels. Depuis des années, Malthus l’emporte trop souvent sur Schumpeter. Les politiques économiques freinent l’activité. Dans le secteur de la construction, les pouvoirs publics ont organisé la pénurie en raréfiant, de manière artificielle, le foncier. L’industrie peine à se développer faute de terrains disponibles pour installer de nouvelles usines. Les contraintes réglementaires et les prélèvements continuent à handicaper les entreprises, en particulier les plus petites d’entre elles. Les chocs de simplification, annoncés à maintes reprises, restent pour l’instant théoriques, les anciennes normes étant remplacées par de nouvelles, tout aussi complexes.

Paradoxalement, la France et les Français, au bord du précipice, parviennent parfois à se surpasser. Le pays est en effet connu pour la profondeur de ses chutes, mais aussi pour la force de ses rebonds. Espérons qu’en cette rentrée 2024, dans un contexte politique et social d’une rare complexité, une prise de conscience permette de renouer avec le succès, un succès qui passe par une augmentation de la productivité, un renforcement de l’effort de recherche ainsi qu’une amélioration du niveau de formation des jeunes et, plus globalement, de l’ensemble de la population.

Jean-Pierre Thomas

Président de Thomas Vendôme Investment

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