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Le supplice du surplace

La France a échappé en 2023 comme en ce début d’année à la récession. Il faut s’en réjouir. Mais, il n’en demeure pas moins que l’économie française est encalminée, le taux de croissance trimestriel variant de 0 à 0,2 % depuis plus neuf mois. C’est mieux que l’Allemagne qui a été touchée de plein fouet par la hausse du prix du gaz mais bien moins que l’Espagne ou le Portugal. Le déficit public élevé, en France, joue un rôle d’amortisseur au prix d’un endettement public toujours plus haut. La non-dégradation de la note de la France par Fitch et Moody’s a été une bonne surprise mais ne saurait faire oublier que la dette publique est passée de 20 à 110 % du PIB de 1980 à 2024.

Hormis l’épisode covid marqué par une chute brutale de l’activité et un rebond tout aussi spectaculaire, la France fait du surplace. Il en résulte une érosion du PIB par habitant et un déclassement progressif du pays. L’écart avec les États-Unis ne fait que s’accroître. Avec le faible filet de croissance, les dépenses de retraite, de santé ou de dépendance ne sont pas finançables tout comme celles, pourtant indispensables, de la défense. Les tensions sociales sont amenées à se multiplier avec, en toile de fond, la recherche de bouc-émissaire. Les maux de la France sont connus de longue date : faiblesse du taux d’emploi et plus globalement du volume de travail, insuffisance des dépenses de recherche – développement, niveau de formation en recul, excès de dépenses publiques de fonctionnement entravant celles dédiées à l’investissement. En raison d’un positionnement en moyenne gamme, les coûts de production élevés ont été rédhibitoires pour l’industrie. le poids de cette dernière est passé de 24 à 9 % du PIB lors de ces cinquante dernières années. L’Allemagne a réussi de son coté à maintenir une puissante industrie en pariant sur le haut de gamme et sur un financement décentralisé des entreprises essentiellement familiales.

Le diagnostic est connu pour la France mais celle-ci demeure à la recherche des remèdes et surtout de l’art de les appliquer. L’énonciation de solutions s’accompagne d’une cristallisation des oppositions faisant de leur adoption un exercice périlleux. L’absence de consensus, une tradition nationale, transforme tout projet de réforme en chemin de croix. Le pouvoir est amené, en permanence, à godiller pour éviter les obstacles.

L’économie, c’est comme la guerre, l’art du mouvement, le surplace n’existe pas. Il y a progrès ou recul mais la stagnation n’est que l’antichambre du déclin. Pour éviter ce dernier, la France dispose de réels atouts insuffisamment valorisés. Avec ses régions et territoires d’outre-mer, elle est présente dans toutes les grandes zones économiques, du Pacifique à l’Atlantique. Les pouvoirs publics auraient tout avantage à valoriser cette présence en favorisant l’essor économique de ces territoires. La vitalité du secteur financier est également une force. Avec BNP Paribas et Axa, le pays compte deux des plus grands acteurs mondiaux de la banque et de l’assurance. Il accueille également les plus grandes entreprises du luxe au monde dont LVMH, Kering, Hermès et Chanel. Ces entreprises contribuent positivement au commerce extérieur et à l’emploi. La France est aussi la première destination touristique mondiale. Son patrimoine culturel, ses littoraux sont enviés par de nombreux autres pays. Le tourisme, souvent décrié, apporte d’importantes recettes. Il est représenté par des sociétés reconnues internationalement comme Accor, le Club Méditerranée. Airbus, une entreprise européenne dans laquelle la France joue un rôle prépondérant, s’est hissée au premier rang de l’aéronautique.

À la différence des Américains, les Français éprouvent des difficultés à être fiers de leurs succès économiques. Il y a sans nul doute de la jalousie, de la frustration face à celles et ceux qui réussissent. C’est certainement pour cette raison que Raymond Poulidor qui n’a jamais gagné le Tour de France était plus populaire que Jacques Anquetil qui en a remporté cinq. Une reconnaissance accrue des réussites économiques du pays constituerait un indéniable progrès. Elle faciliterait l’orientation de l’épargne vers les entreprises familiales et celles de taille intermédiaire. Une population réconciliée avec le capitalisme sur fond d’une participation aux bénéfices améliorée serait une source de croissance. L’économie, c’est le mouvement, mais aussi et avant tout de la confiance. Celle-ci ne se décrète pas ; elle exige de la persévérance, un projet d’avenir admis par une large partie de la population. Le défi est important mais il devra être relevé !

Jean-Pierre Thomas

Président de Thomas Vendôme Investment

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