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Les drôles de guerres

Nous serions, à en croire les déclarations du Président de la République, en économie de guerre. Dans les faits, non ! Pas de réquisitions, pas de mobilisation générale ! Fort heureusement ! Même l’effort de défense, tant vanté dans les médias, reste modeste au regard des retards accumulés depuis trente ans. Compte tenu des difficultés récurrentes à passer des paroles aux actes, les promesses risquent, comme souvent, de n’engager que ceux qui les écoutent.

La guerre n’aura pas sans doute pas lieu à l’Est. En revanche, elle a commencé à l’Ouest avec l’enclenchement de la guerre commerciale par Donald Trump. Celui-ci entend faire payer les États qui accumulent des excédents commerciaux avec son pays. Ces excédents sont bien souvent la conséquence des pratiques financières des multinationales américaines, qui produisent et localisent leurs bénéfices à l’étranger.

Pratiquant le rapport de force et la guerre éclair, le président américain entend redessiner les échanges mondiaux, au risque de provoquer un ralentissement de l’économie mondiale. Si sa politique apparaît incompréhensible pour les élites, elle est en phase avec le cœur de son électorat, qui a souffert des délocalisations de ces vingt dernières années.

L’Europe est fortement exposée à cette guerre commerciale et semble démunie. Depuis une vingtaine d’années, elle a construit sa croissance – faible, au demeurant – sur les exportations, essentiellement allemandes et néerlandaises, en particulier vers les États-Unis. L’industrie automobile, mais aussi celle de l’agroalimentaire, pourraient perdre de nombreuses parts de marché sur le sol américain. Pour l’heure, l’Europe a annoncé des mesures de rétorsion qui ne compenseront pas le manque à gagner des entreprises pénalisées. Elle est d’autant plus en situation de faiblesse qu’elle est frappée par le prix élevé de l’énergie, qui érode la compétitivité de son économie. Elle a, de surcroît, remplacé sa dépendance au gaz russe par une dépendance au gaz américain, avec à la clé une augmentation des prix.

Le choix du tout-renouvelable, opéré il y a une dizaine d’années, s’avère actuellement funeste : il ne permet pas de couvrir les besoins d’aujourd’hui et encore moins ceux de demain, à un coût acceptable.

La France qui bénéficiait d’un avantage comparatif avec l’énergie nucléaire, peine à relancer cette filière. L’Allemagne, pour sa part, n’a d’autre solution que de miser sur des centrales à gaz pour assurer l’approvisionnement électrique de son économie. La dépendance aux États-Unis apparaissait, il y a peu encore, comme une évidence, un gage de sécurité. Or, les Européens apprennent à leurs dépens que les alliances sont faites pour être rompues. L’histoire n’est qu’une somme de trahisons.

Les quatre-vingts dernières années ont donné l’illusion que le parapluie américain serait éternel. Charles de Gaulle, empreint d’histoire, avait dès les années 1960 conscience de la fragilité du soutien américain. La tradition américaine repose sur deux piliers : l’isolationnisme et le rapport de force. Aujourd’hui, les intérêts primordiaux des États-Unis les poussent à sacrifier les alliés d’hier.

Les États européens doivent cesser d’être dans le déni économique et géopolitique. Ils doivent faire preuve de réalisme, voire de cynisme et intégrer le sens tragique de l’histoire. Pensant être à l’abri de la violence entre les nations, ils ont – à leur honneur – privilégié le droit à la force, mais le droit a besoin de la force : sans elle, il s’efface au profit de l’anarchie. La France ne doit pas renouveler l’erreur de la drôle de guerre. Par faiblesse, elle avait alors attendu l’attaque de l’Allemagne durant de longs mois, avant d’être anéantie en quelques jours. Le mouvement est la clef de voûte de la guerre comme de l’économie : l’immobilisme condamne à la défaite.

Jean-Pierre Thomas, Président de Thomas Vendôme Investment

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