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L’histoire ne fait que commencer

Ces quarante dernières années, les rapports de force économiques ont profondément évolué. En parité de pouvoir d’achat, les Brics qui regroupent onze pays émergents dont le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Iran et l‘Arabie saoudite représentent un tiers du PIB mondial contre 31 % pour les États membres du G7. En 1990, les chiffres respectifs étaient de 17 et 47 %. Si le poids relatif des États-Unis est relativement stable, celui de l’Europe et du Japon diminue. Notre vision demeure ethnocentré quand le monde est de plus en plus pluriel. Les institutions internationales comme le FMI ou la Banque mondiale demeurent régies, en grande partie, selon les règles adoptées à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Si, avec la chute de l’URSS en 1991, les États occidentaux semblaient avoir gagné la guerre froide, ils ont perdu l’après-guerre. Les gouvernements ont voulu engranger les bénéfices de la paix en réduisant leurs dépenses militaires oubliant qu’il n’y a jamais de fin à l’histoire. Convaincus de la supériorité de leur modèle, les États-Unis se sont lancés, souvent sans aucun mandat international, dans des guerres perçues pour les responsables de pays émergents comme postcoloniales. Les interventions militaires en Irak, au Mali, en Lybie ont créé un réel ressentiment. Le départ humiliant d’Afghanistan a été vécu comme une victoire contre les États-Unis par les populations de nombreux pays. Les Occidentaux sont de plus en plus seuls. Que ce soit en Asie, en Amérique latine ou en Afrique, les gouvernements refusent de s’aligner sur les sanctions américaines ou européennes. Les Etats-Unis comme les Etats européens sont accusés d’ingérence que ce soit au nom des droits de l’homme ou au nom de la protection de l’environnement idéologique sur le long terme.

L’Occident demeure malgré tout incontournable. L’Union européenne et les États-Unis sont les deux premiers marchés commerciaux mondiaux. La Chine comme le Brésil, l’Inde ou l’Arabie saoudite ne peuvent pas se priver d’un de ces marchés. Les États-Unis demeurent de loin la première puissance technologique et militaire mondiale même si la Chine a l’intention de lui ravir cette place. Celle-ci a, pour le moment, encore besoin des États-Unis.

En ce début de XXIe siècle, l’Occident est fragilisé comme il le fut à de nombreuses reprises dans son histoire. La fragilité est intérieure et extérieure. Elle est liée à un manque réel de confiance et a un certain refus de prendre en compte certaines réalités. La Russie comme la Chine ont des intérêts qui peuvent différer de ceux de l’Occident et vice versa. Washington ne peut plus gouverner seul et doit intégrer que de nombreux États sont désormais des puissances régionales voire mondiales. Quel que soit les pays et leurs dirigeants, tout changement de paradigme est une épreuve.

Jean-Pierre Thomas

Président de Thomas Vendôme Investment

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