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Une question de focale? 

C’est humain, en Europe comme aux États-Unis, de considérer que le monde tourne autour de nous. Cette vision ethnocentrée est en grande partie une illusion. Du 22 au 24 octobre dernier, à Kazan, en Russie, s’est tenu le 17e sommet des BRICS+, réunissant ce groupe, ainsi que la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, et quatre nouveaux membres : l’Iran, l’Égypte, les Émirats arabes unis et l’Éthiopie. Une trentaine de pays émergents ou en développement souhaiteraient intégrer ce club, qui rassemble déjà la moitié de la population mondiale et représente un tiers du PIB mondial. Si les pays du G7 étaient à l’origine de près de 75 % du PIB mondial en 1973, cinquante ans plus tard, cette part n’est plus que de 43 %. La Chine est devenue le premier pays industriel et le premier exportateur mondial. De plus en plus de pays en développement cherchent à intégrer les BRICS, souhaitant s’émanciper des Occidentaux, accusés – à tort ou à raison – de maintenir des pratiques colonialistes. Ils leur reprochent en particulier la mise en œuvre de politiques protectionnistes sous couvert de la protection de l’environnement ou du respect des droits de l’Homme. La taxe carbone sur les produits importés est ainsi durement ressentie, car elle pourrait freiner la croissance de nombreux pays. Ces derniers ne manquent pas de souligner que les Occidentaux sont, en grande partie, responsables des émissions de gaz à effet de serre depuis 1750. Ils rappellent également que les pays dits « avancés » n’ont pas respecté les engagements pris lors des Accords de Paris de 2015, qui prévoyaient une aide à la décarbonation des activités des pays en développement, à hauteur de 100 milliards de dollars par an.

En adoptant une politique manichéenne, les Occidentaux risquent de favoriser l’unification du reste du monde contre eux. Jusqu’à présent, ils ont pu compter sur les divisions entre pays émergents et en développement. Si des tensions entre ces pays demeurent, elles sont de moins en moins prégnantes face à leur rejet de l’Occident. L’armée française a été contrainte de se replier rapidement de plusieurs pays d’Afrique, quand les États-Unis sont contestés en Amérique centrale et en Amérique latine. La Chine et la Russie sont en passe de contrôler une grande partie des terres rares mondiales, indispensables aux énergies renouvelables et aux batteries électriques.

Jusqu’à maintenant, les pays avancés disposent d’atouts indéniables grâce à leur suprématie monétaire : 80 % des réserves mondiales sont, en effet, libellées en dollars ou en euros, et plus de 70 % des exportations sont réalisées dans ces deux devises. Ils dominent également le système financier mondial, notamment grâce au système de compensation SWIFT et à la présence des principales places boursières dans leurs territoires. Toutefois, avec la multiplication des sanctions, des embargos et avec l’application par les États-Unis de la règle de réciprocité, conférant à ces derniers un droit de suite généralisé, les pays émergents et en développement cherchent de plus en plus à se soustraire au système financier occidental. Au minimum, ils demandent une répartition plus équilibrée du pouvoir économique au sein des grandes institutions internationales, telles que le FMI et la Banque mondiale. La Chine, tout comme l’Inde, développe des systèmes alternatifs à ceux des Occidentaux. La première, avec le développement d’un e-yuan, monnaie numérique de banque centrale, envisage même, à terme, de concurrencer le dollar.

Les Occidentaux feraient une grave erreur en feignant de croire que « tout change pour que rien ne change ». Leur aveuglement risque de les mener à la marginalisation, en particulier l’Europe, qui pourrait être prise en tenaille entre, d’un côté, les États-Unis et, de l’autre, le reste du monde. Les États européens ont, par facilité, pensé que l’histoire n’était plus tragique. Or, elle l’est, et de plus en plus. Ils ne peuvent plus se contenter de se placer sous le parapluie américain, qui apparaît de moins en moins protecteur. Ils doivent redevenir maîtres de leur destin et, en premier lieu, de leur propre continent.

Jean-Pierre Thomas

Président de Thomas Vendôme Investment

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