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Incompréhensions irrationnelles

 

Incompréhensions irrationnelles

Les bruits de bottes de part et d’autre de la frontière ukrainienne sont surréalistes au vu du contexte économique. Est-il nécessaire, en pleine crise sanitaire, de créer des tensions géopolitiques en Europe. Comment l’Union européenne peut-elle s’engager dans un processus d’adhésion avec l’Ukraine quand le précédent élargissement n’a pas été encore digéré ? Comment ne pas comprendre que l’intégration de ce pays dans l’Union ou dans l’OTAN ravive de mauvais souvenirs pour la Russie qui, de siècle en siècle, est hantée par la crainte de l’encerclement ? De tout temps, les autorités russes surréagissent face à ce risque. Les Alliés ne peuvent pas être surpris de l’actuelle détermination des russes à garantir leur sécurité au niveau de leur frontière occidentale. L’OTAN est perçue comme une alliance antirusse en raison même de son origine en 1949. Par ailleurs, l’Ukraine est considérée, pour la Russie, comme un territoire qui lui est historiquement attaché, Kiev étant le berceau de l’ancienne famille impériale, les Romanov. L’Ukraine n’a été indépendante que de 1918 à 1922 avant d’intégrer l’URSS. Au XIXe siècle, elle était sous le contrôle de la Russie et de l’Autriche. L’Ukraine a longtemps été considérée comme le grenier à blé de la Russie. Nul ne peut nier la force de l’histoire dans ce dossier indispensable pour comprendre la réaction du Président Poutine. La Russie estime, à tort ou à raison, que la présence de l’OTAN à ses frontières constitue une menace. Quelle serait la  réaction de la France si les Russes étaient au bord du Rhin à quelques mètres de Strasbourg ?

Depuis près de dix ans, les relations entre l’Europe et la Russie reposent sur des incompréhensions mutuelles. Une mise à plat des différends avec une prise en compte des intérêts respectifs des acteurs serait plus que souhaitable. Au moment où le monde tend à s’organiser autour du binôme américano-chinois, la Russie a besoin de l’Europe et réciproquement. Que ce soit sur la question des nouvelles technologiques que sur celle de la nécessaire transition énergétique, les Européens et les Russes auraient avantage à offrir un front uni face à l’hégémonisme affiché des deux grandes puissances. Que ce soit au niveau de la recherche, des matières premières, de l’eau ou de l’espace, nous partageons bien plus de points avec la Russie que nous ne l’imaginons. Le combat avec Moscou est d’ordre idéologique. Les autorités occidentales se montent bien plus timorées face à la Chine qui constitue pourtant une menace d’un bien autre calibre. Est-ce parce que la Russie nous est proche sur le plan des valeurs, de la géographie et de l’histoire que nous sommes si obtus ? Avons-nous oublié que le français a longtemps été la langue de la cours des tsars ? Avons-nous oublié que la Russie bien qu’envahie par Napoléon 1er en 1812 s’opposa au dépècement de la France en 1815 après Waterloo et qu’elle signa une alliance militaire en 1892 ?

 

Jean-Pierre Thomas Président

de Thomas Vendôme Investments

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