Loi Thomas
Retrouver le chemin de la raison
Retrouver le chemin de la raison
L’année commence sur fond de bruits de bottes à la frontière de l’Ukraine et de la Russie. De part et d’autre, des centaines de milliers de militaires sont mobilisés. En quelques semaines, nous avons effectué un surprenant retour dans le passé. L’OTAN, créée en 1949 pour permettre le réarmement allemand et lutter contre la menace soviétique fait aujourd’hui face à la Russie. Après la chute du mur de Berlin de 1989 et de l’URSS en 1991, l’OTAN a intégré les pays d’Europe centrale et les États baltes. Depuis 2008, l’Ukraine demande son intégration à l’OTAN, demande réaffirmée par un vote du Parlement ukrainien en 2017. Pour la Russie, cette adhésion est perçue comme une tentative d’encerclement de la part d’une alliance qui place la Russie parmi ses ennemis potentiels. Dans son passé, ce pays a dû faire face à moults tentatives d’invasions ce qui a rendu ses dirigeants sensibles sur la question des frontières. Par ailleurs, pour la majorité des Russes, l’Ukraine fait partie de la sphère d’influence traditionnelle de leur pays, Kiev étant la capitale de naissance de l’ancienne famille impériale. Il ne faut pas oublier que l’Ukraine a toujours été, par ailleurs, considérée comme le grenier à céréales de la Russie. Les relations diplomatiques ne peuvent pas faire l’abstraction de l’histoire. L’OTAN dont le Président Emmanuel Macron affirmait en 2019 qu’elle était en « mort cérébrale » cherche sa légitimité dans l’affaire ukrainienne. S’il est logique qu’elle participe à la défense de ses membres, la Pologne, la Roumanie, la Hongrie, ou encore les Pays Baltes, doit-elle, pour autant, élargir son périmètre aux républiques de l’ex-URSS ? Comment les occidentaux réagissaient quand les soviétiques tentaient de neutraliser la République Fédérale d’Allemagne ? Il est nécessaire de retrouver la voie de la sagesse sachant que les Européens ont plus à perdre qu’à y gagner. Au moment où le pétrole et le gaz connaissent une montée de leurs cours, au moment où les Européens sont confrontés à une vague d’inflation, faut-il prendre le risque d’un nouveau choc pétrolier du fait de l’application d’un nouvel embargo contre la Russie ? Les pays d’Europe de l’Est et l’Allemagne qui dépendent à plus de 70 % du gaz russe seraient placés dans une situation inconfortable. À la chute du mur de Berlin, un esprit de concorde avait alors prévalu afin d’éviter de nouveaux drames au sein de l’Europe de l’Est. Trente ans plus tard, il est indispensable de retrouver cet esprit et d’avancer non pas dans la partition du continent européen mais dans la création d’un vaste espace économique incluant la Russie dont la complémentarité avec l’Ouest au niveau des matières premières et de l’énergie est évidente. Pour cela, certains préjugés devront être levés.
Jean-Pierre Thomas Président
de Thomas Vendôme Investments