Loi Thomas
Ne boudons pas notre plaisir !
Ne boudons pas notre plaisir !
La croissance est là. Elle frappe à la porte. Certains refusent d’y croire quand d’autres s’inquiètent de ses éventuels effets négatifs. Après avoir failli trépasser par déflation, des oiseaux de mauvais augure nous prédisent une vague inflationniste. L’époque est au catastrophisme. Les sujets ne manquent pas pour les pythies, les épidémies, le réchauffement climatique, la menace chinoise, turque, nord-coréenne et bien d’autres.
Après une année de disette, le rebond de la croissance est logique. Les pouvoirs publics ayant fait le choix de sauver des vies sans pour autant tuer l’économie, celle-ci est en capacité de repartir, d’autant plus vite que des plans de relance d’un montant sans précédent ont été adoptés. L’objectif poursuivi par les pouvoirs publics est de réduire le sous-emploi et d’augmenter le taux de la croissance potentielle qui s’amoindrissait depuis une vingtaine d’années.
Aux États-Unis, un vaste plan en faveur d’infrastructures a été engagé à cette fin. La vétusté des équipements américains pesait sur le rythme d’expansion du pays. Ce qui vaut pour les États-Unis vaut également pour l’Europe. La France qui longtemps s’est enorgueillit de la qualité de ses infrastructures ne fait pas exception. Des signes d’obsolescence sont visibles au niveau du réseau ferré, des établissements scolaires ou des équipements sportifs. La diffusion du réseau de fibre optique pour Internet est perfectible. En outre, avec la nécessaire transition énergétique, il sera indispensable d’opérer un basculement vers les énergies renouvelables d’ici le milieu du siècle. Ces investissements, s’ils sont réalisés de manière rationnelle, seront une source de croissance. Après une décennie perdue après la crise des subprimes, la France et les pays européens se doivent de rattraper le retard. L’objectif n’est pas de revenir à la situation d’avant crise mais de se placer sur une nouvelle trajectoire de croissance, plus propre, plus inclusive.
Le covid-19 pourrait sortir les pays occidentaux de l’ornière dans lequel ils évoluaient depuis de nombreuses années. Cette croissance est indispensable tant pour réduire les inégalités sociales qui sont de plus en plus insupportables par les populations que pour financer les dépenses de santé, de retraite et de dépendance. Pour assurer la pérennité de la croissance, le taux d’emploi devra remonter, tout particulièrement en France. La question du niveau des salaires pourrait se poser. La hiérarchie des salaires fait l’objet d’une contestation de plus en plus importante ce qui pourrait amener un processus de revalorisation.
Il est certainement nécessaire de faciliter la constitution d’une demande alimentée par les revenus du travail qui ont vocation à se substituer aux revenus de l’assistance. Une revalorisation du travail, combinée avec des gains de productivité, pourrait propulser l’économie européenne dans un nouveau cycle d’expansion qui permettrait de tourner la page de la stagnation.