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Ne pas jeter l’aéronautique, avec l’eau du bain

L’industrie française représente moins de 10 % de la valeur ajoutée, contre 14 % il y a une vingtaine d’années. Elle emploie 9 % des salariés contre 40 % au début des années 1970. Cette désindustrialisation s’est accompagnée, depuis 2004, d’une détérioration du solde commercial de la France. Il a été négatif, en 2022, de près de 164 milliards d’euros. Moins d’industrie signifie également moins d’emplois à forte valeur ajoutée et à rémunération correcte. À son corps défendant, le pays s’est spécialisé dans les services notamment domestiques offrant des emplois avec de faibles salaires. Sans industrie, la croissance d’un pays ne peut être que réduite, en raison des faibles gains de productivité générés. La France, depuis plusieurs années est dans cette situation. L’attrition de son industrie a de multiples origines : le niveau excessif des prélèvements obligatoires, la réduction du temps de travail, un déficit d’ingénieurs et de techniciens, une réglementation tatillonne, l’absence de fonds de pension, un mauvais positionnement de gamme en lien avec une insuffisance de recherche et d’investissement.

Face à cette situation connue de toutes et de tous, un consensus existe en faveur d’une réindustrialisation. La crise covid et la guerre en Ukraine ont souligné la dépendance de l’économie française à l’égard de la Chine et plus globalement de l’ensemble des pays émergents pour un nombre importants de biens : des masques aux microprocesseurs en passant par les batteries ou des médicaments. Les pouvoirs publics tentent de favoriser l’implantation de nouvelles usines sur le territoire français notamment dans le cadre de la transition énergétique. Pour autant, certains entendent remettre en cause un des rares fleurons du pays qui a surmonté les écueils, par nombreux ces dernières années, l’aéronautique. Ce secteur qui rassemble près de 4 500 sociétés emploie plus de 263 000 salariés et réalise un chiffre d’affaires supérieur à 100 milliards d’euros. La France est le deuxième pays exportateur d’avions après les États-Unis et détient plus d’un cinquième des parts de marché mondial. L’aéronautique est le premier poste d’exportations industrielle du pays en représentant plus de 3 % du PIB. Pour autant, des voix se font entendre pour freiner le développement de l’aérien au nom de la préservation de la planète. À cette fin, certains réclament l’augmentation des taxes quand d’autres entendent même réduire le nombre de voyages par ce moyen de transports. L’aviation commerciale, comme toutes les activités humaines, génère des émissions de gaz à effet de serre. Ces dernières représenteraient 2,6 % des émissions globales et auraient contribué à 5 % du réchauffement climatique anthropique entre 2000 et 2018 en intégrant tous les effets (production des avions et transports). Accusée de connaître une croissance assez rapide, autour de 5 % hors période covid, l’aviation a, cependant, en  comparaison aux autres modes de transport, une empreinte relativement faible en particulier en termes d’infrastructures. Au lieu de taxer ou d’interdire, les pouvoirs publics devraient encourager cette filière indispensable à notre économie. Faute de quoi demain des concurrents chinois, brésiliens, indiens dameront le pion à Airbus. Depuis 1990, les constructeurs aéronautiques ont déjà réussi à réduire de moitié la consommation par passager. Ils sont engagés dans d’ambitieux programmes de recherche afin de contribuer à décarboner leur activité. Le recours aux carburants alternatifs (SAF) (biocarburants produits à partir de biomasse, e-carburants notamment à partir de CO2) constituent des solutions à développer. À plus long terme, des moteurs électriques ou à l’hydrogène sont envisageables.

L’industrie française ne peut pas se permettre un nouveau Waterloo en sacrifiant l’aéronautique, secteur qui tire l’économie vers le haut. Les zélateurs de la décroissance ne doivent pas oublier que la lutte contre le réchauffement climatique exige des investissements importants et donc de la croissance. Il serait suicidaire de participer à l’euthanasie de l’aviation qui, au-delà de la source de liberté qu’elle représente, constitue un des atouts majeurs de la France.

Jean-Pierre Thomas

Président de Thomas Vendôme Investment

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